La tendinite est une affection courante chez les chevaux, impactant significativement leurs performances et leur bien-être. On estime que 20% des blessures chez les chevaux de sport sont liées à des tendinites, générant des coûts vétérinaires et de soins importants. Comprendre les symptômes, la gestion du repos et la rééducation est primordial pour une guérison rapide et efficace.
La tendinite équine désigne l'inflammation d'un ou plusieurs tendons, ces structures fibreuses robustes connectant les muscles aux os, essentielles à la locomotion. Les tendons les plus fréquemment affectés sont le fléchisseur superficiel du doigt, le fléchisseur profond du doigt, et l'extenseur digital commun des membres antérieurs et postérieurs. Une lésion tendineuse peut compromettre la performance du cheval et sa mobilité.
Identification des symptômes de la tendinite équine
Un diagnostic précis nécessite une observation attentive du cheval et un examen vétérinaire. Certains signes sont apparents, tandis que d'autres nécessitent des examens plus poussés.
Symptômes cliniques visibles
- Boiterie : Un signe précoce et crucial. L'intensité varie (légère à sévère), ainsi que son évolution (intermittente, constante). La localisation précise (membre antérieur/postérieur, droit/gauche) oriente vers le tendon affecté. Une boiterie intermittente peut indiquer une tendinite au stade initial.
- Augmentation du Volume et de la Chaleur : L'inflammation provoque un gonflement localisé et une augmentation sensible de la température. Une comparaison avec le membre opposé permet une évaluation précise. Une augmentation de 2-3°C est significative.
- Douleur à la Palpation : Le cheval manifeste une sensibilité à la pression exercée sur le tendon. L’examen par un vétérinaire est indispensable pour éviter de causer des dommages supplémentaires.
- Modifications Posturales : Pour minimiser la douleur, le cheval peut modifier sa posture (appui préférentiel sur un membre, raideur). L’observation de son port de tête et de son attitude générale est importante.
- Changements Comportementaux : Le cheval peut présenter une irritabilité, une apathie, un refus de travailler, ou une diminution de son activité globale. Ces modifications subtiles doivent être prises en compte.
Symptômes cliniques moins visibles
- Épanchement Synovial : Accumulation de liquide dans la gaine synoviale entourant le tendon, souvent détectée par palpation par un vétérinaire. Un épanchement indique généralement une inflammation plus sévère.
- Lésions à l'Échographie ou à l'IRM : Ces examens d'imagerie permettent une visualisation précise des lésions tendineuses, indispensable pour déterminer la gravité et orienter le traitement. L'échographie est plus accessible, tandis que l'IRM offre une image plus détaillée.
Il est important de distinguer la tendinite d'autres pathologies aux symptômes similaires (déchirures musculaires, fractures de stress). Un diagnostic différentiel rigoureux par un vétérinaire est essentiel.
Repos et traitement de la tendinite équine : le rôle crucial du repos
Le repos est fondamental pour la guérison. La nature et la durée du repos dépendent de plusieurs facteurs : gravité de la lésion, localisation, âge du cheval, et traitement médical concomitant.
Repos relatif vs. repos absolu
Le repos relatif implique une réduction significative de l'activité physique, sans immobilisation complète. Exemple : paddock restreint, marche lente et contrôlée. Le repos absolu, quant à lui, nécessite une immobilisation totale au box, évitant toute sollicitation du tendon. Une tendinite légère peut nécessiter 6-8 semaines de repos relatif, tandis qu'une lésion grave peut demander 3-6 mois de repos absolu voire plus.
La durée du repos est déterminée par le vétérinaire, et ajustée en fonction de l'évolution. Des examens de suivi (échographies) sont généralement nécessaires pour monitorer le processus de guérison. Environ 5% des chevaux développent une tendinite chronique nécessitant une gestion à long terme.
Thérapeutiques complémentaires et gestion du repos
Des thérapies peuvent compléter le repos, sous stricte prescription vétérinaire. L’hydrothérapie (travail en eau), la cryothérapie (application de froid), et les champs magnétiques pulsés peuvent accélérer la guérison en réduisant l’inflammation et en stimulant la réparation tissulaire. L'alimentation joue un rôle crucial : une alimentation riche en protéines, en acides aminés essentiels (lysine, proline), et en antioxydants favorise la réparation tissulaire.
Le suivi régulier de l'état du cheval est indispensable : surveillance du comportement, de l'appétit, de l'état du tendon, et de la présence de signes d’infection. Des soins de prévention et d’hygiène permettent d'éviter les complications.
Rééducation et reprise progressive de l'activité
La reprise de l'activité doit être progressive et supervisée pour éviter les rechutes. Un retour trop brutal à l'exercice peut causer une récidive et aggraver la lésion.
La rééducation comprend plusieurs phases:
- Phase initiale (semaines 1-4): Marche à pied lente et contrôlée sur sol souple, durée progressivement augmentée. La surveillance de la réaction du cheval est essentielle.
- Phase intermédiaire (semaines 5-8): Travail à la longe sur sol souple, exercices légers et contrôlés, augmentation progressive de l'intensité et de la durée.
- Phase finale (semaines 9-12 et plus): Reprise progressive du travail monté, en commençant par des séances courtes et à basse intensité. Le niveau d'activité est augmenté progressivement selon l'évolution et l'absence de douleur.
Tout signe de rechute (boiterie, chaleur, gonflement) doit être immédiatement signalé au vétérinaire. Une intervention rapide est essentielle pour éviter des complications. L'implication d'un kinésithérapeute équine peut être bénéfique pour optimiser la rééducation. Le maréchal-ferrant joue un rôle important dans le maintien d'une ferrure appropriée pour soutenir le processus de guérison.
La prévention est primordiale : entraînement progressif, équipement adapté, surfaces de travail appropriées, alimentation équilibrée, et un suivi vétérinaire régulier contribuent à la santé tendineuse du cheval. Un bon entretien des pieds, par un maréchal-ferrant compétent, minimise également les risques de blessure.