Les affections cutanées, communément appelées dermatoses équines, représentent un défi fréquent dans la gestion de la santé équine. Ces problèmes, dont la dermatite estivale récidivante (DER) ou sweet itch, qui partage des similitudes avec l'eczéma humain, peuvent significativement affecter le bien-être du cheval et engendrer des coûts importants pour les propriétaires. Bien que les causes soient multifactorielles, impliquant des facteurs génétiques, environnementaux et immunologiques, il est de plus en plus reconnu que l'alimentation joue un rôle déterminant non seulement dans la susceptibilité aux dermatoses équines, mais aussi dans leur sévérité et leur gestion. La frustration des propriétaires face à des traitements souvent palliatifs souligne la nécessité d'une approche plus globale, intégrant l'alimentation du cheval comme un pilier central. L'impact économique des dermatoses équines est considérable, représentant jusqu'à 20% des consultations vétérinaires. Les problèmes cutanés non traités peuvent même impacter les performances sportives du cheval et son aptitude au travail.

Nous examinerons les mécanismes physiopathologiques impliqués, tels que l'inflammation chronique et le rôle crucial du microbiome intestinal équin. Nous analyserons les hypersensibilités alimentaires potentielles, les allergies alimentaires et les carences nutritionnelles qui peuvent aggraver les affections cutanées chez les chevaux. Enfin, nous détaillerons des stratégies alimentaires préventives et thérapeutiques, offrant des solutions concrètes pour améliorer la santé cutanée des chevaux, en mettant l'accent sur une alimentation équilibrée et adaptée à chaque individu. Comprendre ces liens est essentiel pour optimiser la santé de la peau et le bien-être général des équidés.

Comprendre le lien : mécanismes physiopathologiques

La relation entre l'alimentation du cheval et les dermatoses équines est complexe et multifacettée. Plusieurs mécanismes physiopathologiques sont impliqués, soulignant l'importance d'une approche holistique pour comprendre et traiter ces affections. L'inflammation, le microbiome intestinal équin, les hypersensibilités alimentaires, les allergies alimentaires et les carences nutritionnelles jouent des rôles cruciaux dans la santé cutanée des chevaux. Identifier ces mécanismes permet de mieux cibler les interventions nutritionnelles.

Rôle de l'inflammation

L'inflammation chronique est un facteur clé dans le développement et la persistance des dermatoses équines. Ce processus inflammatoire est caractérisé par la production excessive de molécules inflammatoires, les cytokines, qui perturbent la fonction normale de la peau. Parmi les cytokines particulièrement impliquées, on retrouve l'IL-4, l'IL-5, l'IL-13 et l'IgE, qui contribuent à la sensibilisation allergique et à l'inflammation cutanée. Par exemple, une concentration élevée d'IgE est souvent observée chez les chevaux atteints de dermatite estivale récidivante, atteignant parfois le double de la concentration normale observée chez les chevaux sains. Cette surproduction d'IgE est une réponse immunitaire exagérée aux piqûres de moucherons *Culicoides*, déclenchant une cascade inflammatoire. L'inflammation chronique altère la barrière cutanée, la rendant plus vulnérable aux infections et aux irritants.

L'alimentation du cheval peut moduler la production de ces cytokines inflammatoires. Certains nutriments, comme les acides gras oméga-3, ont des propriétés anti-inflammatoires et peuvent aider à réduire la production de cytokines pro-inflammatoires. A l'inverse, une alimentation riche en acides gras oméga-6, présents en grande quantité dans certaines huiles végétales comme l'huile de tournesol, peut favoriser l'inflammation si le ratio oméga-6/oméga-3 n'est pas correctement équilibré. Un ratio idéal se situe autour de 4:1 (oméga-6:oméga-3) pour soutenir une réponse inflammatoire équilibrée et optimiser la santé cutanée. Un apport adéquat en antioxydants, tels que la vitamine E et le sélénium, est également crucial pour neutraliser les radicaux libres produits lors de l'inflammation. L'inflammation chronique non contrôlée peut également favoriser la prolifération de certaines levures et bactéries à la surface de la peau, exacerbant les problèmes cutanés.

Une gestion adéquate de l'alimentation peut donc contribuer à contrôler l'inflammation chronique et à atténuer les symptômes des dermatoses équines. La modification du régime alimentaire est une intervention cruciale pour moduler ces processus inflammatoires et améliorer la santé de la peau des chevaux. Une stratégie nutritionnelle anti-inflammatoire peut inclure l'ajout de graines de lin, d'huile de poisson ou d'autres sources d'oméga-3, ainsi qu'une limitation des aliments riches en oméga-6. Il est également important de veiller à ce que l'alimentation soit riche en fibres pour favoriser un microbiome intestinal sain et réduire l'inflammation systémique.

Le microbiome intestinal : un acteur clé

Le microbiome intestinal équin, constitué de milliards de bactéries, virus, champignons et autres micro-organismes, joue un rôle essentiel dans la santé globale du cheval. Ce complexe écosystème intestinal contribue à la digestion des aliments, à la synthèse de vitamines, à la régulation du système immunitaire et à la protection contre les agents pathogènes. Un déséquilibre du microbiome intestinal, appelé dysbiose, peut avoir des conséquences importantes sur la santé de la peau du cheval.

Dysbiose intestinale

La dysbiose intestinale se caractérise par une altération de la composition et de la diversité du microbiome. Plusieurs facteurs peuvent induire une dysbiose chez le cheval, notamment une alimentation inappropriée (excès de céréales, manque de fibres), le stress, l'utilisation d'antibiotiques et certaines maladies. Une alimentation trop riche en amidon, par exemple, peut perturber l'équilibre bactérien et favoriser la prolifération de bactéries acidogènes, entraînant une inflammation intestinale et une diminution du pH intestinal. Cette acidose peut endommager la muqueuse intestinale et favoriser la translocation de bactéries et de toxines dans la circulation sanguine.

Cette dysbiose peut compromettre l'intégrité de la barrière intestinale, augmentant sa perméabilité. Ce phénomène, connu sous le nom de "leaky gut syndrome" ou syndrome de l'intestin perméable, permet la translocation de bactéries et de toxines dans la circulation sanguine, déclenchant une inflammation systémique qui peut se manifester au niveau de la peau. On estime que près de 70% du système immunitaire est localisé dans l'intestin, ce qui souligne l'importance de maintenir un microbiome sain pour une réponse immunitaire équilibrée et une peau saine. La dysbiose peut également entraîner une diminution de la production d'acides gras à chaîne courte (AGCC), qui ont des propriétés anti-inflammatoires et contribuent à renforcer la barrière intestinale. Un apport suffisant en fibres, telles que la pulpe de betterave ou les enveloppes de psyllium, peut favoriser la production d'AGCC et améliorer la santé intestinale.

Lien microbiome-peau (gut-skin axis)

Le lien entre le microbiome intestinal et la peau, également appelé "gut-skin axis", est de plus en plus reconnu. Les métabolites produits par les bactéries intestinales, tels que les acides gras à chaîne courte (AGCC) et les lipopolysaccharides (LPS), peuvent influencer la réponse immunitaire cutanée. Les AGCC, comme le butyrate, l'acétate et le propionate, ont des propriétés anti-inflammatoires et peuvent renforcer la barrière cutanée en stimulant la production de protéines de jonction serrée. À l'inverse, les LPS, présents dans la membrane des bactéries Gram-négatives, peuvent activer le système immunitaire et induire une inflammation cutanée. Un déséquilibre dans la production de ces métabolites peut donc avoir un impact significatif sur la santé de la peau.

Des études ont montré des altérations du microbiome chez les chevaux atteints de dermatoses équines. Par exemple, les chevaux atteints de dermatite estivale récidivante présentent souvent une diminution de la diversité bactérienne et une augmentation de certaines espèces pro-inflammatoires, telles que *Escherichia coli*. Ces déséquilibres peuvent contribuer à l'inflammation cutanée chronique et à la sévérité des symptômes. La modification de l'alimentation, notamment par l'ajout de prébiotiques et de probiotiques, peut contribuer à rétablir un microbiome intestinal sain et à améliorer la santé de la peau. L'utilisation de souches spécifiques de probiotiques, telles que *Lactobacillus reuteri* et *Bifidobacterium animalis*, a démontré des effets bénéfiques sur la réduction de l'inflammation et l'amélioration de la fonction de la barrière cutanée chez d'autres espèces animales. Il est donc raisonnable de penser qu'elles pourraient également être bénéfiques pour les chevaux. Une alimentation riche en fibres et pauvre en sucres simples peut également favoriser un microbiome intestinal sain.

Hypersensibilité alimentaire et allergies

Il est important de distinguer l'hypersensibilité alimentaire de l'allergie alimentaire chez les chevaux. L'hypersensibilité alimentaire est une réaction indésirable à un aliment qui ne met pas en jeu le système immunitaire. Les mécanismes impliqués peuvent être divers, tels que des déficits enzymatiques, des réactions toxiques ou une intolérance à certains additifs alimentaires. L'allergie alimentaire, en revanche, est une réaction immunologique spécifique à un aliment, impliquant généralement la production d'anticorps IgE ou d'autres réponses immunitaires. Les allergies alimentaires sont plus rares que les hypersensibilités alimentaires, mais elles peuvent provoquer des réactions cutanées plus sévères.

Bien que moins fréquentes que chez l'humain ou le chien, les allergies alimentaires existent chez le cheval. Les allergènes alimentaires courants incluent certaines graminées, les céréales (avoine, maïs), le soja et la luzerne. Les mécanismes d'allergie alimentaire impliquent la liaison des IgE aux mastocytes, qui libèrent ensuite des médiateurs de l'inflammation tels que l'histamine, provoquant des symptômes cutanés tels que l'urticaire, le prurit (démangeaisons) et l'angio-œdème (gonflement). L'urticaire peut se manifester par l'apparition de papules sur la peau, affectant jusqu'à 20% des chevaux à un moment donné de leur vie, selon certaines estimations. Les réactions allergiques peuvent également se manifester par des troubles digestifs, tels que des diarrhées ou des coliques. L'allergie aux piqûres de moucherons *Culicoides* chez les chevaux atteints de DER implique une réaction d'hypersensibilité de type I, médiée par les IgE.

Le diagnostic des allergies alimentaires repose principalement sur des régimes d'exclusion, qui consistent à éliminer progressivement les aliments suspects de la ration et à observer l'évolution des symptômes. Cette approche est longue et fastidieuse, mais elle reste la méthode de référence pour identifier les allergènes alimentaires. Les tests cutanés et les tests sanguins (dosage des IgE spécifiques) peuvent également être utilisés, mais leur fiabilité est limitée chez le cheval et leurs résultats doivent être interprétés avec prudence. Il est crucial de noter que les régimes d'exclusion doivent être mis en place sous la supervision d'un vétérinaire ou d'un nutritionniste équin pour éviter les carences nutritionnelles et assurer le bien-être du cheval. Un régime d'exclusion dure généralement entre 6 et 8 semaines pour permettre une élimination complète des allergènes et une stabilisation des symptômes.

Carences nutritionnelles

Des carences en certains nutriments essentiels peuvent compromettre la santé de la peau du cheval et augmenter la susceptibilité aux dermatoses équines. Les acides gras essentiels, les minéraux et les vitamines jouent des rôles cruciaux dans la fonction de la barrière cutanée, la régulation de l'immunité et la protection contre les dommages oxydatifs. Une alimentation équilibrée et adaptée aux besoins spécifiques de chaque cheval est donc fondamentale pour maintenir une peau saine et prévenir les dermatoses.

Acides gras essentiels (AGE) : oméga-3 et oméga-6

Les acides gras essentiels sont des lipides que le cheval ne peut pas synthétiser lui-même et qui doivent donc être apportés par l'alimentation. Les oméga-3 et les oméga-6 sont des AGE importants qui interviennent dans la structure des membranes cellulaires et la production d'eicosanoïdes, des médiateurs de l'inflammation. Un déséquilibre entre les oméga-6, souvent présents en excès dans l'alimentation moderne à base de céréales et d'huiles végétales, et les oméga-3, peut favoriser l'inflammation et exacerber les problèmes cutanés. L'importance du ratio oméga-6/oméga-3 réside dans son influence sur l'équilibre inflammatoire, un ratio trop élevé (supérieur à 10:1) pouvant exacerber les problèmes cutanés tels que la dermatite estivale récidivante. Les chevaux nourris avec une alimentation riche en céréales peuvent avoir un ratio oméga-6/oméga-3 de 20:1 ou plus.

Les sources d'oméga-3 incluent les graines de lin, l'huile de poisson et l'huile de caméline. Les graines de lin entières contiennent environ 35% d'huile, dont environ 50% d'acide alpha-linolénique (ALA), un précurseur des oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA). Il est cependant important de noter que la conversion de l'ALA en EPA et DHA est limitée chez le cheval, en raison d'une faible activité des enzymes impliquées dans cette conversion. C'est pourquoi l'utilisation d'huile de poisson, qui contient directement ces oméga-3 à longue chaîne, peut être plus efficace pour augmenter les niveaux d'EPA et de DHA dans l'organisme du cheval. L'huile de poisson de qualité contient souvent environ 18% d'EPA et 12% de DHA, offrant une source directe de ces acides gras essentiels. L'huile de caméline est une autre source végétale intéressante d'oméga-3, contenant environ 35% d'ALA et présentant une bonne stabilité oxydative.

Minéraux

Le zinc, le cuivre et le sélénium sont des minéraux essentiels qui jouent un rôle important dans l'immunité et la fonction de la barrière cutanée. Le zinc, par exemple, est impliqué dans la synthèse du collagène, la cicatrisation des plaies et la régulation de l'inflammation. Une carence en zinc peut entraîner une peau sèche, des lésions cutanées, une alopécie (perte de poils) et une diminution de la résistance aux infections. Le cuivre est essentiel à la formation de l'élastine, une protéine qui confère élasticité à la peau et participe à la synthèse de la mélanine, le pigment responsable de la coloration de la peau et des poils. Le sélénium, quant à lui, est un antioxydant qui protège les cellules cutanées des dommages causés par les radicaux libres et module la réponse immunitaire. Il est important de noter que le sélénium peut être toxique à fortes doses, avec une limite de sécurité d'environ 5 mg par jour pour un cheval de 500 kg. Une analyse de la ration et du sol est recommandée pour déterminer les besoins individuels en sélénium.

  • Zinc : Essentiel pour la cicatrisation.
  • Cuivre : Pour l'élasticité de la peau.
  • Sélénium : Antioxydant, protège contre les dommages.

Vitamines

La vitamine A, la vitamine E et la vitamine D sont des vitamines liposolubles qui jouent un rôle antioxydant et immunomodulateur. La vitamine A est essentielle à la différenciation des cellules cutanées, à la production de sébum et au maintien de l'intégrité des muqueuses. Une carence en vitamine A peut entraîner une peau sèche et squameuse, une diminution de la résistance aux infections et des problèmes de vision. La vitamine E est un antioxydant puissant qui protège les membranes cellulaires des dommages oxydatifs causés par les radicaux libres. La vitamine D, synthétisée par la peau sous l'effet du soleil, est importante pour la régulation du système immunitaire, l'absorption du calcium et la santé osseuse. Une carence en vitamine D peut affecter la réponse immunitaire cutanée et augmenter la susceptibilité aux infections. La dose recommandée de vitamine E pour un cheval adulte est d'environ 500 à 1000 UI par jour, en fonction de son niveau d'activité, de son état de santé et de son exposition au soleil. La supplémentation en vitamine D est particulièrement importante pour les chevaux qui sont peu exposés au soleil, tels que les chevaux vivant en stabulation ou ceux vivant dans des régions peu ensoleillées. Il est important de noter que les besoins en vitamines et minéraux peuvent varier considérablement en fonction de l'âge, du niveau d'activité, de l'état physiologique et de la race du cheval.

Importance des antioxydants

Les antioxydants, tels que la vitamine E, la vitamine C, le sélénium et les polyphénols, neutralisent les radicaux libres produits lors de l'inflammation, protégeant ainsi les cellules cutanées des dommages. La vitamine C, également appelée acide ascorbique, aide à la formation de collagène, possède des propriétés anti-inflammatoires et stimule le système immunitaire. Les polyphénols, présents dans les fruits rouges (baies de sureau, cassis), le marc de raisin, le thé vert et certaines herbes, sont de puissants antioxydants qui peuvent contribuer à réduire l'inflammation cutanée et à protéger la peau des dommages causés par les rayons UV. Des études ont montré que l'apport de polyphénols peut améliorer la santé de la peau, réduire les symptômes de certaines dermatoses et protéger contre les effets néfastes du stress oxydatif. La supplémentation en antioxydants doit être adaptée aux besoins individuels du cheval, à la sévérité de la dermatose et à son exposition aux facteurs de stress environnementaux.

Stratégies alimentaires préventives et thérapeutiques

Une approche nutritionnelle bien pensée et personnalisée est essentielle pour prévenir et gérer les dermatoses équines. Les principes de base d'une alimentation équilibrée, associés à des stratégies spécifiques telles que les régimes d'exclusion, l'utilisation de suppléments alimentaires ciblés et une gestion environnementale appropriée, peuvent contribuer à améliorer la santé cutanée des chevaux et à réduire la nécessité de traitements médicamenteux coûteux.

Principes de base d'une alimentation équilibrée

La base d'une alimentation équilibrée pour le cheval repose sur un apport suffisant de fourrage de qualité à volonté. Le fourrage doit constituer la majeure partie de la ration (au moins 1,5% à 2% du poids corporel en matière sèche) et doit être choisi en fonction de l'âge, du niveau d'activité, de l'état physiologique (gestation, lactation, croissance) et des besoins spécifiques du cheval. Il est crucial d'identifier et d'éliminer les sources potentielles d'allergènes ou d'irritants présents dans l'environnement du cheval, tels que les moisissures dans le foin ou les additifs artificiels dans les aliments industriels. L'adaptation de l'alimentation à l'âge, au niveau d'activité et à l'état physiologique est primordiale pour répondre aux besoins spécifiques de chaque cheval et optimiser sa santé cutanée. Enfin, il est essentiel d'assurer un accès constant à de l'eau propre et fraîche. Un cheval adulte consomme en moyenne entre 20 et 40 litres d'eau par jour, en fonction de la température, de son niveau d'activité et de la nature de son alimentation. Un accès limité à l'eau peut entraîner une déshydratation, qui peut à son tour affecter la santé de la peau et augmenter la susceptibilité aux dermatoses équines. Un bon indicateur de l'hydratation est l'élasticité de la peau au niveau de l'encolure ; une peau qui tarde à reprendre sa forme initiale peut signaler une déshydratation.

  • Fourrage de qualité à volonté.
  • Éliminer allergènes potentiels.
  • Adapter l'alimentation à l'état physiologique.
  • Accès constant à de l'eau propre.

Régimes d'exclusion et identification des allergènes

Le régime d'exclusion est une méthode diagnostique qui consiste à éliminer progressivement les aliments suspects de la ration et à observer l'évolution des symptômes. Cette approche nécessite patience, rigueur et une collaboration étroite avec un vétérinaire ou un nutritionniste équin. La première étape consiste à identifier les aliments les plus susceptibles d'être allergènes (céréales, soja, luzerne, certains types de foin) et à les supprimer de la ration pendant une période de 6 à 8 semaines. Il est important de surveiller attentivement les symptômes du cheval et de noter toute amélioration ou aggravation. Si les symptômes s'améliorent, les aliments sont réintroduits progressivement, un par un, en observant la réaction du cheval pendant plusieurs jours. Si les symptômes réapparaissent après la réintroduction d'un aliment, celui-ci est considéré comme un allergène et doit être définitivement éliminé de la ration. Il est crucial de s'assurer que le cheval reçoit une alimentation équilibrée pendant le régime d'exclusion, en remplaçant les aliments éliminés par des alternatives appropriées. Par exemple, si la luzerne est éliminée, elle peut être remplacée par du foin de graminées enrichi en protéines. Il est également important de tenir compte des additifs alimentaires, des conservateurs et des colorants artificiels, qui peuvent également provoquer des réactions d'hypersensibilité. La communication entre le propriétaire, le vétérinaire et le nutritionniste est essentielle pour le succès d'un régime d'exclusion.

Suppléments alimentaires

L'utilisation de suppléments alimentaires ciblés peut être bénéfique pour améliorer la santé de la peau des chevaux atteints de dermatoses équines, en complément d'une alimentation équilibrée et d'une gestion environnementale appropriée. Les oméga-3, les prébiotiques, les probiotiques, les antioxydants et certains minéraux sont des suppléments couramment utilisés pour soutenir la fonction de la barrière cutanée, réguler l'inflammation, moduler le système immunitaire et favoriser un microbiome intestinal sain. L'administration de suppléments doit être personnalisée en fonction des besoins spécifiques du cheval, de la nature de la dermatose et de la présence de carences nutritionnelles. Il est toujours préférable de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin avant d'introduire des suppléments alimentaires dans la ration du cheval.

Oméga-3

Les suppléments d'oméga-3 peuvent être utilisés pour réduire l'inflammation, améliorer la qualité de la peau et renforcer la barrière cutanée. Les types de suppléments disponibles incluent l'huile de lin, l'huile de poisson, l'huile de caméline et l'huile d'algues. Les dosages recommandés varient en fonction du type de supplément, de la sévérité de la dermatose et du poids du cheval. Il est important de choisir des huiles de haute qualité et stables, car les oméga-3 sont sensibles à l'oxydation et peuvent perdre leurs propriétés bénéfiques si elles sont mal conservées. Les huiles doivent être stockées dans un endroit frais et sombre, à l'abri de la lumière et de l'air, et doivent être consommées rapidement après l'ouverture. La quantité d'oméga-3 à administrer peut varier entre 20 et 40 grammes par jour pour un cheval adulte de 500 kg, en fonction de la source et de la concentration. L'huile de poisson est une source plus concentrée d'EPA et de DHA que l'huile de lin, et peut donc être plus efficace pour réduire l'inflammation chez les chevaux atteints de dermatoses sévères. L'huile d'algues est une alternative intéressante à l'huile de poisson pour les propriétaires qui préfèrent une source végétale d'oméga-3.

Prébiotiques et probiotiques

Les prébiotiques sont des fibres non digestibles qui favorisent la croissance et l'activité des bonnes bactéries dans l'intestin. Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui peuvent améliorer l'équilibre du microbiome intestinal en colonisant l'intestin et en exerçant des effets bénéfiques sur la santé. L'utilisation de prébiotiques et de probiotiques peut contribuer à renforcer la barrière intestinale, à réduire l'inflammation systémique, à moduler le système immunitaire et à améliorer la digestion. Le choix des souches de probiotiques appropriées est essentiel pour obtenir les meilleurs résultats. Les souches les plus couramment utilisées chez le cheval incluent *Lactobacillus*, *Bifidobacterium* et *Saccharomyces*. Les effets synergiques potentiels de l'association de prébiotiques et de probiotiques (approche synbiotique) peuvent améliorer davantage la santé intestinale et cutanée. La dose de probiotiques recommandée est généralement de 10 à 20 milliards d'UFC (unités formant colonies) par jour. Les prébiotiques, tels que les fructo-oligosaccharides (FOS) et les mannan-oligosaccharides (MOS), peuvent être administrés à une dose de 5 à 10 grammes par jour. Il est important de choisir des produits de qualité, contenant des souches de probiotiques viables et des prébiotiques bien tolérés par le cheval. Les prébiotiques et les probiotiques peuvent être particulièrement bénéfiques pour les chevaux ayant subi un traitement antibiotique ou présentant des troubles digestifs.

Antioxydants

La vitamine E, le sélénium, la vitamine C et les polyphénols sont des antioxydants importants qui protègent les cellules cutanées des dommages oxydatifs causés par les radicaux libres. La vitamine E est disponible sous forme naturelle (d-alpha-tocophérol) et synthétique (dl-alpha-tocophéryl acétate). La forme naturelle est généralement mieux absorbée par l'organisme. Il est important de prendre en compte le niveau de sélénium dans l'alimentation, car un excès de sélénium peut être toxique. Le sélénium est souvent administré en combinaison avec la vitamine E pour potentialiser ses effets antioxydants et améliorer l'immunité. Les polyphénols, présents dans les fruits rouges, le marc de raisin, le thé vert et certaines herbes, peuvent également contribuer à réduire l'inflammation et à améliorer la santé de la peau. Une supplémentation en vitamine E à raison de 1000 à 2000 UI par jour peut être bénéfique pour les chevaux atteints de dermatoses, en particulier ceux qui sont peu exposés à l'herbe fraîche. Il est recommandé de consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin pour déterminer les besoins individuels en antioxydants, en fonction de l'état de santé du cheval et de son exposition aux facteurs de stress environnementaux.

Soutien de la barrière cutanée

Le silicium et la biotine sont des nutriments qui peuvent soutenir la fonction de la barrière cutanée, en favorisant la production de collagène, de kératine et d'autres composants essentiels de la peau. Le silicium est impliqué dans la production de collagène, une protéine qui confère résistance et élasticité à la peau, aux tendons et aux ligaments. La biotine, bien que plus efficace pour les problèmes de sabots, peut également contribuer à la santé de la peau en favorisant la production de kératine, la protéine principale constituant les poils et les crins. La dose de biotine généralement recommandée pour améliorer la santé des sabots est de 15 à 30 mg par jour, mais des doses plus faibles peuvent également être bénéfiques pour la peau. D'autres nutriments, tels que les acides aminés soufrés (méthionine, cystéine), peuvent également contribuer à la production de kératine et à la santé de la peau. L'ajout de zinc et de vitamine A peut également aider à soutenir la barrière cutanée. Il est important de noter que les effets des suppléments sur la peau peuvent prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour se manifester.

Gestion environnementale en complément de l'alimentation

L'alimentation seule ne suffit pas à contrôler les dermatoses équines. Une gestion environnementale appropriée est essentielle pour réduire l'exposition aux allergènes, aux irritants et aux insectes piqueurs. Le contrôle des insectes, tels que les moucherons *Culicoides* responsables de la dermatite estivale récidivante, est crucial. L'utilisation de répulsifs, de couvertures anti-mouches, de pièges à insectes et la stabulation pendant les périodes de forte activité des insectes (aube et crépuscule) peuvent aider à réduire les piqûres et à minimiser la réaction allergique. L'hygiène de l'environnement, incluant l'élimination régulière des déchets (fumier, urine), une bonne ventilation et un drainage adéquat, contribue à réduire la prolifération des insectes, des moisissures et des bactéries. La protection solaire, à l'aide de couvertures, d'écrans solaires et d'abris ombragés, est importante pour prévenir les réactions de photosensibilité et protéger la peau des dommages causés par les rayons UV. La gestion du stress, en assurant un environnement stable, des sorties régulières au pâturage, un contact social avec d'autres chevaux et un travail adapté, peut également contribuer à améliorer la santé de la peau et à réduire la susceptibilité aux dermatoses. Il est important de noter que le stress peut affaiblir le système immunitaire et rendre le cheval plus vulnérable aux infections et aux allergies. Une étude a montré que les chevaux stressés présentent des niveaux de cortisol plus élevés, ce qui peut inhiber la réponse immunitaire.

Études de cas et exemples concrets

Pour illustrer l'impact de l'alimentation sur les dermatoses équines, voici quelques exemples concrets tirés de l'expérience clinique. Un cheval de race Pur-sang âgé de 7 ans, présentant une dermatite estivale récidivante sévère caractérisée par des démangeaisons intenses, une perte de poils et des lésions cutanées sur l'encolure, la crinière et la base de la queue, a vu ses symptômes significativement améliorés grâce à un régime d'exclusion qui a révélé une allergie au maïs et au soja. L'élimination du maïs et du soja de sa ration, associée à une supplémentation en oméga-3 (huile de lin) et en antioxydants (vitamine E et sélénium), a permis de réduire considérablement le prurit, les lésions cutanées et l'inflammation. Un autre exemple concerne un cheval de trait souffrant d'urticaire chronique se manifestant par l'apparition de papules sur tout le corps, sans cause apparente. L'identification d'une hypersensibilité à la luzerne par un régime d'exclusion, suivie de la substitution de la luzerne par du foin de graminées enrichi en protéines, a permis de résoudre complètement le problème d'urticaire. Ces exemples démontrent l'importance d'une approche individualisée et d'une évaluation approfondie de l'alimentation pour la gestion des dermatoses équines.

  • Cas 1 : Pur-sang, DER, allergie au maïs et soja.
  • Cas 2 : Trait, urticaire chronique, hypersensibilité à la luzerne.

Perspectives futures et recherches en cours

La recherche sur le rôle du microbiome dans les dermatoses équines ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques passionnantes. La modulation du microbiome par des interventions alimentaires ciblées, telles que l'administration de prébiotiques et de probiotiques spécifiques, la transplantation de microbiote fécal (TMF) ou l'utilisation d'aliments fermentés, pourrait devenir une option de traitement prometteuse dans le futur pour restaurer l'équilibre du microbiome intestinal et améliorer la santé de la peau. La nutrigenomique, qui étudie l'interaction entre les gènes et les nutriments, pourrait également permettre de personnaliser l'alimentation en fonction du profil génétique du cheval, optimisant ainsi la prévention et la gestion des dermatoses. Les recherches actuelles se concentrent également sur l'importance de l'alimentation pendant la gestation et la lactation pour le développement du système immunitaire du poulain, explorant les stratégies alimentaires précoces pour prévenir l'apparition des dermatoses et des allergies. Les études futures pourraient également explorer l'impact des pratiques agricoles sur la composition nutritionnelle du fourrage et son rôle dans la prévention des dermatoses équines. L'avènement de nouvelles technologies de diagnostic, telles que le séquençage de l'ADN et la métabolomique, permettra une meilleure compréhension des mécanismes complexes impliqués dans les dermatoses et ouvrira la voie à des approches thérapeutiques plus ciblées et efficaces.